A Casa Di Maica (Chez Maica)
- michele Grimaldi
- Jul 19
- 2 min read

Un portail sépare de la rue le mystère de cette demeure...
L’herbe sauvage recouvre son jardin, quelques lianes grimpent sur les branches du figuier, d’autres remontent au fond ces briques, un four, une alcôve qui inspire le secret; un auvent, à côté des chaises, et, en promenant le regard, la large baie vitrée à travers laquelle on devine à l’intérieur la table, une écorce de cerisier lustré, des tableaux, des photos accrochées au mur, des livres posés sans ordre apparent.
Je m’arrête devant la porte d’entrée, elle sépare le monde d’un monde inconnu.
– Michele ?
– Bienvenue !
– Puis-je entrer ?
L’obscurité est adoucie par des nuages de lumière, et le lustre, qui trompe comme une lune, suspendu au centre, joue avec l’escalier, projette des ombres sur les meubles de l’entrée, anime la quiétude d’espaces sans fin. Des céramiques de Capodimonte, des poupées sans vie encore vivantes, à droite la cuisine, une liane suit le plafond, la cheminée cache des vases, protège sur le côté le plus précieux.
– Chez Maica, presque une énigme...
– Acronyme du prénom de ma mère.
Cheveux déjà châtain clair, voix décidée, mélancolie dans les yeux.
– Nous pouvons monter à l’étage, je te guide vers tes chambres.
Les marches craquent sous les pas, on dirait entendre les plaintes de voix venues de lieux apparemment vides, peut-être la lumière du jour à la fenêtre ou le murmure de tuiles d’un autre temps. Le grand lit trône en face, des coussins colorés et à la tête de lit la curieuse reproduction d’un babouin qui, avec un regard bienveillant, bénit depuis son icône. Les fauteuils austro-hongrois explorent le silence comme deux vieilles sœurs, la commode sommeille, maître de maison fatigué.
– Et voici la salle de bain, je pense qu’il y a tout ce qu’il faut.
L’ampleur se reflète dans les miroirs, l’espace-temps se courbe et à ses confins révèle une cinquième dimension. Je suis seul parmi de nombreuses multitudes, et la parole prononcée, sans corps, est esprit qui exprime son essence.
– Cette demeure n’est-elle pas l’allégorie du monde? Artisan et gardien, cher Michele...
Chaque coin de ces murs accueille les fragments de l’oubli: lieux, voyages, émotions, attachements, douleurs, épaves, significations, un grand dirigeable gonflé des éléments de la vie, suspendu entre terre et ciel, immobile face aux vents, à l’épreuve des passions, d’entre tous les mondes possibles un seul monde. Le passé et le présent conversent, sans savoir tu connais ta route, la bonne direction, oui, celle marquée par les peurs, la volonté, la soif et l’amour...
– Le café est prêt, puis-je te le servir ? Si ce n’est pas assez, j’en prépare d’autre.
Il disparaît, avec la rapidité d’un spectre en chair et en os, réapparaît en portant avec lui une aura de stupeur, s’assied à côté et...
– Et maintenant, parlons entre hommes, comme on le fait en Arabie, et ouvrons nos cœurs...
18 mai 2025 – Silvestro Neri
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